Archarnement jamais vu contre Jeremy Corbyn, accusé d'être un "agent russe" et un "antisémite" alors qu'il n'en est rien. La campagne de haine virulente et désespérée des médias et de la classe politique de droite contre Corbyn laisse clairement entrevoir le désespoir qui les habite face à l'enventualité d'une victoire politique du Labour. Les habituelles accusations d' "antisémitisme" et d'être un "agent russe" utilisées pour saboter sa carrière politique tout en l'empêchant de parler et de se défendre. La crise en est arrivée à un point que son parti s'est vu obligé d'adopter (avec des bémols) la définition de l'antisémitisme imposée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA)
Mais voilà: tout cela risque fort de se retrourner contre les responsables de la crise à plus ou moins long terme, car à force de "crier au loup" en recourant sans cesse aux accusations d' "antisémitisme" et d' "agent russe", à la longue ce type d'accusations sera tellement galvaudé dans l'esprit du public que plus personne n'y croira.
L'article est d'un ancien analyste de la CIA, Philip Giraldi.
par Philip Giraldi – Le 28 août 2018 – Source Unz Review
Beaucoup pensent que la très visible domination des amis
d’Israël sur certains aspects de la politique gouvernementale est un
phénomène unique aux États-Unis, où les Juifs engagés et les sionistes
chrétiens sont capables de contrôler à la fois les politiciens et le
message médiatique relatif à ce qui se passe au Moyen-Orient.
Malheureusement, la réalité est qu’il existe un « lobby israélien »
dans de nombreux autres pays, tous dédiés à la promotion des agendas
promus par les gouvernements israéliens successifs, quels que soient
l’intérêt national du pays hôte. L’incapacité de confronter Israël à ses
crimes contre l’humanité ainsi que de résister à ses diktats sur des
questions telles que l’antisémitisme et le discours de haine a causé de
terribles dommages à la liberté d’expression en Europe de l’Ouest et,
plus particulièrement, dans le monde anglophone.
Pour les États-Unis, cette corruption des médias et du processus politique par Israël a entraîné des guerres sans fin
au Moyen-Orient ainsi que la perte des libertés civiles dans le pays,
mais d’autres pays ont compromis leurs propres valeurs déclarées bien
au-delà. L’ancien premier ministre canadien Stephen Harper a fait l’éloge, à tort, d’Israël comme étant une lumière qui « …brûle, brillante, soutenue par les principes universels de toutes les nations civilisées – liberté, démocratie, justice ». Il a également dit : « Je défendrai Israël à n’importe quel prix » pour le Canada, une affirmation que certains pourraient considérer comme très, très étrange pour un chef d’État canadien.
Dans d’autres cas, Israël joue directement au dur, menaçant de
représailles les gouvernements qui n’obéissent pas. Le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahou a récemment averti la Nouvelle-Zélande que soutenir une résolution de l’ONU condamnant les colonies israéliennes équivaudrait à une « déclaration de guerre ».
Il a pu le faire parce qu’il avait confiance dans le pouvoir du lobby
israélien dans ce pays pour se mobiliser et produire le résultat
souhaité.
Certains seront peut-être surpris d’apprendre que la « Mère des parlement »
en Grande-Bretagne est peut-être l’organe législatif le plus dominé par
les intérêts israéliens, plus, à bien des égards, que le Congrès des
États-Unis. Le Parti conservateur au pouvoir a un Groupe des Amis d’Israël dont plus de 80 % de ses parlementaires font partie. BICOM, le Centre de communication et de recherche de la Grande-Bretagne, est un clone situé à Londres de l’American Israel Political Action Committee (AIPAC). Il est bien financé et politiquement puissant, travaillant par l’intermédiaire de ses différents mandataires « Amis d’Israël ».
Les Américains pourraient être surpris d’apprendre à quel point ce
pouvoir est manifeste, y compris qu’en Grande-Bretagne, les
organisations juives sont autorisées à patrouiller
les quartiers juifs de Londres dans des uniformes de type policier tout
en conduisant des véhicules de type policier. Des rapports font état de
patrouilles menaçant les musulmans qui cherchent à entrer dans ces
quartiers.
La Premier ministre Theresa May veille à ne jamais offenser ni Israël
ni la riche et puissante communauté juive britannique. Après que le
secrétaire d’État John Kerry a décrit le gouvernement d’Israël comme
étant « d’extrême-droite », le 28 décembre 2016, May s’est précipitée à la défense de Tel Aviv, en disant « nous croyons qu’il n’est pas approprié d’attaquer la composition du gouvernement démocratiquement élu d’un allié ».
La réplique de May aurait pu être écrite par Netanyahou, et c’était
peut-être le cas. Deux semaines plus tard, son gouvernement a émis des « réserves »
au sujet d’une conférence de paix au Moyen-Orient parrainée par le
gouvernement français à la mi-janvier et n’a pas signé de déclaration
commune appelant à une solution négociée à deux États au conflit
israélo-palestinien après que Netanyahou a condamné avec véhémence les
procédures.
Cette déférence existe en dépit de la récente et étonnante révélation d’al-Jazeera, qui a révélé comment l’ambassade d’Israël à Londres manigance avec des fonctionnaires du gouvernement pour « faire tomber »
les parlementaires et les ministres du gouvernement qui sont considérés
comme critiques à l’égard de l’État juif. On a également appris que
l’ambassade d’Israël subventionnait et conseillait secrètement des
groupes privés qui défendaient les intérêts israéliens, y compris des
associations de députés.
Le chef des travaillistes britanniques, Jeremy Corbyn, fait l’objet
d’attaques incessantes en raison du fait qu’il est le premier chef d’un
parti politique majeur à résister au fait qu’on exige de lui qu’il place
Israël sur un piédestal. Corbyn est en effet un homme de gauche qui
s’est toujours opposé au racisme, au nationalisme extrême, au
colonialisme et à l’interventionnisme militaire. Le crime de Corbyn est
de critiquer l’État juif et d’appeler à « mettre fin à la répression du peuple palestinien ». Du coup, il est poursuivi sans pitié par les juifs britanniques, même ceux de son propre parti, depuis plus de deux ans.
L’invective lancée par certains juifs britanniques et Israël a
dernièrement monté en puissance, probablement parce que le gouvernement
conservateur de Theresa May est perçu comme étant faible et qu’il y a
une nette possibilité que le chef du Parti travailliste soit le prochain
Premier ministre. Le fait qu’un premier ministre britannique puisse
être compatissant au sort des Palestiniens est considéré comme tout à
fait inacceptable.
Le mois dernier, la parlementaire travailliste de droite, Margaret Hodge, a haussé les enchères, qualifiant Corbyn de « putain d’antisémite et de raciste ». Elle a ensuite écrit dans le Guardian que le Parti travailliste est « un environnement hostile pour les juifs ».
Le Guardian, traditionnellement libéral, a en fait été à l’avant-garde
de la critique juive de Corbyn, dirigée par son rédacteur en chef
Jonathan Freedland, qui considère que « son
identité juive est intimement liée à Israël, et qu’attaquer Israël,
c’est l’attaquer personnellement (…) il exige le droit exclusif de
contrôler les paramètres des discussions sur Israël ». Le mois dernier, il a publié dans son journal une lettre attaquant Corbyn, signée par 68 rabbins.
Toutes ces attaques ont été plus ou moins orchestrées par le
gouvernement israélien, qui soutient directement des groupes qui se sont
unis pour faire tomber Corbyn. Cet effort pour détruire le leader
travailliste inclus l’utilisation d’une application diffusant des
messages via les médias sociaux accusant Corbyn d’antisémitisme.
L’application a été développée par le ministère des Affaires stratégiques d’Israël, qui « dirige les efforts secrets d’Israël pour saboter le mouvement de solidarité avec la Palestine, dans le monde entier ».
La campagne « se payer Corbyn » a deux objectifs
principaux. La première est de le retirer de la direction du Parti
travailliste, garantissant ainsi qu’il ne sera jamais élu Premier
ministre, tout en éliminant du parti tous les membres qui sont perçus
comme étant « trop critiques » à l’égard d’Israël.
Dans la pratique, cela signifie toute personne critiquant Israël.
Deuxièmement, il s’agit d’établir un principe juridique établissant que
l’infraction de « crime de haine » antisémite soit
spécifiquement définie de manière à inclure la critique d’Israël, ce qui
fait qu’il sera criminel d’écrire ou de parler du comportement raciste
d’Israël envers sa minorité musulmane et chrétienne tout en rendant
impossible de discuter librement de ses crimes de guerre.
Le principal argument utilisé
contre Corbyn est que le Parti travailliste est inondé par
l’antisémitisme et que Corbyn ne fait rien, ou pas assez, pour s’y
opposer. Certains des coups les plus brutaux portés contre lui sont
venus du groupe habituel aux États-Unis. Andrew Sullivan a récemment fait remarquer dans le New York Magazine que « lorsqu’il
est apparu que Naz Shah, une nouvelle députée travailliste, avait donné
son avis sur Facebook avant d’être élue pour qu’Israël soit transféré
aux États-Unis, et que l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, l’a
soutenue en soutenant que les nazis avaient initialement favorisé le
sionisme, Corbyn n’a pas fait beaucoup d’histoires ». Sullivan a ensuite écrit : « Il
est alors apparu que Corbyn lui-même avait souscrit à divers groupes
pro-palestiniens sur Facebook où un antisémitisme de base s’est
épanoui » et qu’il avait même « … assisté à une
réunion sur la Journée commémorative de l’Holocauste en 2010, intitulée
‘Plus jamais pour personne : ‘D’Auschwitz à Gaza’, assimilant les
Israéliens aux nazis ».
En d’autres termes, Corbyn aurait dû être responsable de la qualité des points de vue personnels de Shah et Livingstone,
qui ont par la suite été suspendus du Parti travailliste et Livingstone
a fini par démissionner. Il aurait également dû éviter les commentaires
des Palestiniens sur Facebook parce que des antisémites présumés
contribuent occasionnellement à donner leurs opinions et ne devraient
reconnaître en aucune façon les crimes de guerre israéliens commis
quotidiennement à Gaza.
Corbyn doit donc accepter le fait qu’il doit être un antisémite,
comme le discernent Andrew Sullivan de ce côté-ci de l’Atlantique et une
foule de soutiens Israéliens en Grande-Bretagne. Mais le pire crime du
dirigeant travailliste qui est considéré comme une « menace existentielle »
pour le peuple juif partout dans le monde est sa résistance à la
pression exercée sur lui pour qu’il endosse et adopte la définition
précise et multidimensionnelle de l’Alliance internationale pour la
mémoire de l’Holocauste (IHRA) de ce qui constitue l’antisémitisme. La
définition de base de l’antisémitisme de l’IHRA est suffisamment
raisonnable, y compris « une certaine perception des juifs,
qui peut s’exprimer sous forme de haine envers les Juifs. Les
manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme s’adressent à
des individus juifs ou non-juifs et/ou à leurs biens, aux institutions
communautaires juives et aux installations religieuses ».
Le Parti travailliste et Corbyn ont accepté cette définition mais se sont opposés à onze « exemples contemporains d’antisémitisme » également fournis par l’IHRA, dont quatre n’ont rien à voir avec les Juifs et tout à voir avec Israël. Ces exemples sont :
Accuser des citoyens juifs d’être plus loyaux envers Israël, ou
envers les prétendues priorités des Juifs dans le monde entier,
qu’envers les intérêts de leurs propres nations.
Priver le peuple juif de son droit à l’autodétermination, par
exemple en prétendant que l’existence d’un État d’Israël est une
entreprise raciste.
Établir des comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des nazis.
Appliquer deux poids deux mesures en exigeant d’Israël un
comportement qui n’est pas attendu ou exigé d’une autre nation
démocratique.
On peut observer que beaucoup de juifs – pas tous ou même la
plupart – mais beaucoup ont une double loyauté dans laquelle
l’allégeance à Israël est dominante. Je citerai à titre d’exemple
l’actuel ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, qui passe
une grande partie de son temps à défendre Israël. Et il y a aussi les
juifs américains qui ont espionné pour Israël, y compris Jonathan
Pollard et les membres de l’AIPAC, Steven J. Rosen et Keith Weissman,
qui ont obtenu des informations classifiées de Lawrence Franklin et ont
ensuite transmis ce qu’ils avaient obtenu aux services de renseignements israéliens.
Et oui, Israël est une « entreprise raciste ». Jetez un coup d’œil à la récente loi sur la nationalité
adoptée par la Knesset qui déclare qu’Israël est un État juif. Elle
n’accorde l’autodétermination qu’à ceux qui vivent à l’intérieur de ses
frontières et qui sont juifs. Et si l’utilisation de distinctions
raciales pour une citoyenneté à part entière tout en bombardant des
hôpitaux et des écoles, tout en faisant la queue pour tirer sur des
milliers de manifestants palestiniens non armés, n’est pas un
comportement nazi, alors qu’est-ce que c’est ? Israël et son chef sont
parfois comparés aux nazis et à Adolf Hitler parce qu’ils se comportent
comme les nazis et Adolf Hitler.
Et enfin, il y a la définition qui remet en cause toute remise en
question du fait qu’Israël ne se comporte pas comme les autres nations
démocratiques. Eh bien, tout d’abord, Israël n’est pas une démocratie.
C’est une théocratie ou une ethnocratie ou, si vous préférez, un État
policier. D’autres pays qui se disent démocratiques ont des droits égaux
pour tous les citoyens. D’autres démocraties n’ont pas des centaines de
milliers de colons qui volent la terre et même les ressources en eau de
la population indigène et la colonisent au profit d’un seul segment de
sa population. D’autres démocraties ne tirent pas régulièrement sur les
manifestants morts et non armés. Combien de démocraties pratiquent
actuellement le nettoyage ethnique, comme le font les Juifs israéliens
envers les Palestiniens ?
Corbyn cédera-t-il aux demandes de l’IHRA pour sauver sa peau en tant
que chef de parti ? Je pense qu’il le fera, comme il le fait déjà
régulièrement en concédant des points et en s’excusant, en rendant
publiquement l’obéissance requise à l’Holocauste comme étant « le pire crime du XXe siècle ».
Et chaque fois qu’il essaie d’apaiser ceux qui veulent l’attraper, il
s’affaiblit. Même s’il se soumettait complètement, les soutiens
israéliens qui sont chauds pour l’attraper, ayant le contrôle
significatif des médias comme aux États-Unis continueront à attaquer
jusqu’à ce qu’ils trouvent le point précis qui le fera tomber. Le
Conseil exécutif national du parti travailliste se réunira en septembre
pour voter sur la pleine acceptation de la définition de l’antisémitisme
de l’IHRA. S’ils s’agenouillent, comme il est probable, devant cette
force majeure, ce sera la fin de la liberté d’expression en
Grande-Bretagne. Critiquer Israël et vous irez en prison.
C’est exactement la même chose qui se passe aux États-Unis. La
critique d’Israël ou la protestation contre Israël sera tôt ou tard
criminalisée. Je me demande parfois si le sénateur Ben Cardin et les
autres qui font la promotion de cette loi sur la haine comprennent
vraiment ce qui sera perdu lorsqu’ils sacrifieront la Constitution
américaine pour défendre Israël. Une fois que la liberté d’expression
aura disparu, elle ne reviendra jamais.
Philip Giraldi
Traduit par Wayan, relu par Cat, vérifié par Diane pour le Saker francophone