Thomas Frank sur la stratégie perdante du parti Démocrate américain, son rejet des travailleurs, sa complaisante adoration des élites, alors que les Républicains l'emportent en récupérant les forces vives du populisme liées au mécontentement populaire
Qui l'eût cru: le Parti démocrate a déjà été le parti le plus populiste, le parti du petit peuple mécontent de ses élites...
La stratégie gagnante des Républicains qui conduisit à l'élection de Trump fut de coopter et canaliser les forces de mécontentement du grand public américain méfiant de ses médias et de ses élites (par ex. dans le Tea Party)...
Ce mécontentement populaire qui gêne tant le parti Démocrate, surtout depuis l'ère Clinton (NAFTA-ALENA, etc.)... C'est-à-dire depuis que le parti Démocrate a déclaré la guerre au populisme et vendu son âme aux intérêts d'une classe de riches yuppies de Wall Street, de Silicon Valley, etc., et d'autres domaines aussi "complexes", une classe de diplomés des plus grandes écoles et des plus prestigieuses universités du pays.
Voilà le sens de l'échec des Démocrates, explique Thomas Frank. Le parti Démocrate n'a que lui-même à blâmer, c'est son propre rejet du petit peuple (et des politiciens comme Sanders) qui le condamne à l'échec à l'avenir.
L'OBS - Pourquoi Trump a gagné ? "Hillary Clinton et les démocrates n'ont que du mépris pour le peuple"Dans son dernier livre "Pourquoi les riches votent à gauche" (ed. Agone https://agone.org/contrefeux/pourquoilesrichesvotentagauche/) , le journaliste et essayiste américain Thomas Frank livre son analyse de la défaite de la démocrate Hillary Clinton face à Donald Trump. Pour l'auteur, les démocrates ont coupé tous les liens avec le peuple américain, qui n'a pas bénéficié des fruits de la croissance pendant la présidence Obama. Très libéraux sur les questions sociétales (féminisme, défense des droits LGBTQ, etc.), cette nouvelle classe de "winners" urbaine, riche et surdiplômée s'avère très frileuse sur les questions sociales : salaires, inégalités, réduction d'impôts pour les rentiers et les actionnaires... L'auteur appelle cette nouvelle classe "Les Professionnels". Ils ne jurent que par la méritocratie. "Ceux qui n'ont pas fait de grandes universités ne reçoivent que du mépris de leur part (...) Les revendications des travailleurs ordinaires ne les touchent pas : les vigiles, les serveurs de fast-foods, les aides à domicile et les gardes d’enfant – dont la plupart sont des femmes et des personnes de couleur – qui n’ont pas de diplôme universitaire.",, écrit l'auteur. En réaction à ces professionnels adeptes de la méritocratie, défendant l'Alena et les intérêts de Wall Street, les classes populaires se sont tournées vers Donald Trump et son programme protectionniste. Ecoutez Thomas Frank, interviewé par l'Obs. (4-6-2018)
Empire of the Sunglasses: How ‘They Live’ Took on Republicans and Won (Why 'They Live' is a Subversice 1980s Masterpiece) John Carpenter’s underrated sci-fi horror movie did more than skewer yuppies — it gave us the last word on the Reagan era
Le film de John Carpenter "They Live" (Invasion Los Angeles en v.f.)
sorti en 1988 se veut une allégorie sur les excès de la classe
privilégiée américaine, sans âme et inhumaine, et comment les abus du
système économique de Tatcher et Reagan ont fait avancer les intérêts de
ces yuppies inhumains, comment ils ont détruit les États-Unis et
menacent la planète entière. Mais on peut expliquer ce film de façon
très ludique en disant qu'il suggère au spectateur de se doter de
"lunettes anti-spooks", autrement dit d'un sixième sens permettant de
reconnaître et débusquer, les "spooks" infiltrés à tous les niveaux de
la société c'est-à-dire ces individus qui ne sont pas du tout ce qu'ils
paraissent parce qu'ils travaillent main dans la main avec la dictature
militaire secrète.