September 30, 2007
GQ magazine recently published a list of what it judged the 50 most powerful people in Washington, and Secretary of State Condoleezza Rice topped the list. GQ claims she has emerged as a check on Vice President Cheney’s aggressive impulses and, because she has President Bush’s confidence, is steering foreign policy along a more diplomatic path.
So says GQ. But what would a men’s fashion magazine know about power in Washington? The list is as much an attention-getting gimmick as serious politics, concentrating on the obvious without much regard for the real power of quiet manipulators, and it therefore gives no ranking at all to the man who is unquestionably the most powerful behind-the-scenes mover and shaker on Israeli policy in Washington today. Elliott Abrams, an influential neoconservative and pro-Israel lobbyist par excellence, has been the principal Middle East adviser on the National Security Council staff throughout most of the Bush administration. Whatever Rice’s position, she holds little sway over Abrams’ agenda on Israel-Palestine and many other Middle East issues.
Working with Cheney and his adviser David Wurmser, another zealous Israel supporter, Abrams fully backed Israel’s war against Hizbullah in Lebanon last year. This year he has been a key figure behind the fighting going on since May at the Nahr al-Bared refugee camp in northern Lebanon, in a hare-brained scheme to arm extremist Sunni militias in order to weaken Shia Hizbullah and undermine Iran and Syria. The scheme, now going awry, was undertaken in cooperation with Saudi and right-wing Lebanese Christian elements, and with implicit Israeli approval. Abrams is also said to be a leading advocate of attacking Iran and has been pushing Israel to attack Syria. He was part of the neocon group that designed the disastrous Iraq war.
But it is in the arena of Israel-Palestine policy that Abrams has done the most damage. His latest foray has been into Palestinian politics, where, calling for a “hard coup,” he engineered the Hamas-Fatah split that erupted into fighting in Gaza in June and has resulted in cutting Gaza and its almost 1.5 million inhabitants adrift with virtually no international aid and no way in or out.
Long an outspoken opponent of any peace process requiring Israeli territorial concessions, Abrams has worked from his official position to undermine every peace effort, including the Roadmap and Rice’s own initiatives. He has cooperated with Israeli strategists to make it appear that Israel is always making “painful concessions,” as on the 2005 withdrawal from Gaza, while actually giving Israel the breathing space to proceed with consolidation of its occupation through continued settlement-building and construction of the separation wall. By thus cooperating with Israel to fine tune its occupation practices, Abrams has acted as an Israeli partner rather than a US policymaker.
Abrams has a history of covert manipulation; he was convicted of lying to Congress about US activities in Central America during the 1980s Iran-Contra scandal and was later pardoned by George H. W. Bush in 1992. He also has a history of advocacy for Israel. The son-in-law of neocon original Norman Podhoretz, he authored a book in 1997 about American Jews in which he identified Israel as “the essence of their lives as Jews.”
Abrams faces no apparent restraints and no meaningful opposition from Rice in his attempts to be Israel’s facilitator and co-conspirator on Middle East issues – all without GQ magazine or most other Washington observers even noticing.
Kathleen Christison is a former CIA political analyst and has worked on Middle East issues for 30 years.
Elliott Abrams, le « gladiateur » converti à la « théopolitique »
par Thierry Meyssan
- Henry « Scoop » Jackson
Abrams participe à l’administration des deux mandats de Ronald Reagan. Sur recommandation de Jeane Kirkpatrick [3], il est nommé assistant du secrétaire d’État (Alexander M. Haig) chargé des organisations internationales, en janvier 1981. Il organise alors le retrait des États-Unis de l’UNESCO [4] en dénonçant la « politisation » de l’organisation. Celle-ci a en effet tenté de remettre en cause le monopole des agences de presse occidentales qui imposent au monde leurs angles de vue.
En 1980, Abrams épouse Rachel Decter, la fille de Midge Decter en première noces et la belle-fille de Norman Podhoretz. Il entre ainsi dans le club fermé des journalistes néo-conservateurs. Il se voit ouvrir les colonnes de Commentary, l’influente revue de l’American Jewish Committee, et les tribunes du Committee for the Free World [5]
En décembre 1981, Elliott Abrams devient assistant du secrétaire d’État pour les Droits de l’homme et les Affaires humanitaires à la place de son ami Ernest W. Lefever, président de l’Ethics and Public Policy Center (EPPC), dont la confirmation avait été rejetée par le Sénat [6]. Abrams se focalise sur la dénonciation des persécutions religieuses en Iran contre la communauté Bahaia et en URSS avec le contrôle de l’Église orthodoxe par le Parti communiste. Surtout, il dénonce l’ONU qu’il accuse de légitimer l’antisémitisme en condamant le sionisme [7]. Selon lui, les Nations Unies sont sous l’influence des 90 nations du Groupe des non-alignés, auprès desquelles l’OLP joue un rôle majeur. En faisant adopter par l’Assemblée générale, en 1975, une résolution qui assimile le sionisme à une forme de racisme, l’ONU aurait mis en cause « la survie d’Israël et celle du peuple juif ».
Abrams assure la liaison entre la NED et deux unités secrètes et illégales du Conseil national de sécurité : d’abord l’Office of Public Diplomacy, c’est-à-dire le Bureau de la propagande, dirigé par Otto Reich [9], puis le Project Democracy, chargé de fabriquer des groupes de pression amis sous l’autorité du colonel Oliver North.
En juillet 1985, Elliott Abrams est nommé assistant du secrétaire d’État (George P. Schultz) pour les Affaires inter-américaines. Au Chili, il tente de conduire le général Pinochet vers la sortie, sans perdre le contrôle du pays, sur le modèle de ce qui vient d’être réalisé avec l’éviction de Marcos aux Philippines et de Duvalier en Haïti. Mais en définitive, il estime difficile de corrompre les partis politiques d’opposition et renonce à la « démocratisation ». Elle ne sera réalisée que quatre ans plus tard.
Surtout, Elliott Abrams se lance à corps perdu dans l’opération de soutien aux Contras nicaraguayens et endosse le surnom de « Gladiateur ». Il est alors « le pitbull de la politique de l’administration : "plutôt mort que rouge" » [10]. Il agit en lien direct avec les conseillers de sécurité nationale successifs Frank C. Carlucci et l’amiral John M. Pointdexter, et leur âme damnée le colonel Oliver North. Mais bientôt éclate le scandale de l’Irangate. « Les membres du Congrès se souviennent des comparutions rageuses d’Abrams lors des auditions parlementaires, défendant les escadrons de la mort et les dictateurs, deniant les massacres, mentant sur les activités états-uniennes illégales de soutien aux Contras nicaraguyens. Abrams raillait ses critiques pour leur aveuglement et leur naïveté, ou les appelait les vipères », raconte une éditorialiste du Washington Post [11]. Il sera ultérieurement poursuivi pour faux témoignage, à défaut de l’être pour sa responsabilité dans divers massacres au Honduras. Il plaidera coupable pour deux chefs d’accusation, échappant ainsi à la prison, et sera en définitive grâcié par le président Bush père, qui se protégeait ainsi lui-même de la suite de l’enquête.
De 1990 à 2001, Elliott Abrams occupa des fonctions dans divers think-tanks. D’abord dans un institut de futurologie, le Hudson Institute, alors présidé par Donald Rumsfeld et dirigé par sa belle-mère Midge Decter [12]. Puis, Abrams rejoint l’Ethics and Public Policy Center (EPPC), dont il a déjà été question. Il en prend la direction et y développe l’idée que les Droits de l’homme doivent devenir un « outil diplomatique » permettant aux États-Unis d’exercer des pressions sur les autres États. Il préconise particulièrement d’instrumentaliser les atteintes à la liberté religieuse et finit par obtenir de l’administration Clinton la création d’une Commission sur la liberté religieuse dans le monde [13], dont il prend la présidence, en 1999.
Les théories d’Abrams ont été peu discutées aux États-Unis. S’inscrivant dans un courant majoritaire, il considère que c’est la foi religieuse qui assure le lien social. L’agnosticisme et athéisme sont donc des menaces contre l’ordre social. La liberté de conscience et la laïcité, qui leur accordent droit de cité, sont des atteintes à la liberté religieuse et à la société toute entière. C’est aux religions qu’il appartient d’organiser l’espace public et au « peuple élu » de montrer la voie. Il écrit ainsi dans son ouvrage Foi ou peur : Comment les juifs peuvent survivre dans une Amérique chrétienne [14] : « Hors de la terre d’Israël, il n’y a pas de doute que les juifs, confiants dans l’Alliance entre Dieu et Abraham, doivent vivre séparés de la nation dans laquelle ils résident. C’est la vraie nature des juifs d’être séparés -excepté en Israël- du reste de la population ». De même, il milite activement pour l’interdiction des mariages inter-religieux. Il s’ensuit que l’EPPC noue des contacts privilégiés avec des organisations fondamentalistes juives et chrétiennes, y compris avec l’Opus Dei qui est représentée dans son conseil d’administration par le professeur Mary Ann Glendon [15]. Pour Abrams, l’opposition entre les États-Unis et la France est fondamentale : elle réside dans l’antagonisme de leurs projets politiques qu’au XVIIIe siècle Thomas Paine avait déjà explicité [16] : si les États-Unis sont une nouvelle terre promise, la France laïque est une nouvelle Égypte. Il organise donc des auditions devant sa commission, au Congrès et à l’OSCE, pour dénoncer le « totalitarisme laïque français » qui persécute les adeptes de l’Église de Scientologie et encourage l’antisémitisme.
Abrams fréquente le Center for security Policy (CSP) où il côtoie aussi bien les autres néoconservateurs que ses collaborateurs les plus durs de l’administration reagan [17]
En 1997, Richard Perle (qu’il avait connu au cabinet du sénateur Jackson et suivi au CSP) le sollicite pour rejoindre un groupe de travail de l’American Enterprise Institute : le Project for a New American Century (Projet pour un nouveau siècle américain) [18]. Il s’y engage en faveur d’une attaque de l’Irak et de la Syrie. Pour le compte de ce groupe, il rédige un chapitre sur le Proche-Orient dans un livre-manifeste, intitué Les Dangers actuels [19]. Dans ce document et dans quelques autres, il défend les thèses du Likoud : il n’y a pas de conflit israélo-palestinien, car les Palestiniens n’ont pas de revendications légitimes, mais un conflit israélo-arabe, car les Arabes sont viscéralement antisémites. Le processus d’Oslo est une manœuvre de Yasser Arafat pour conserver son pouvoir après l’effondrement de l’URSS qui le protégeait. Les Israéliens n’y ont adhéré que pour fermer un front secondaire et mieux faire face aux masses arabes. Mais il appartient aux États-Unis de venir en aide au peuple élu et de renverser ce rapport de force.
Sur la base d’un tel parcours et de telles conceptions, Elliott Abrams fait son retour dans l’administration avec George W. Bush. En 2001, le nouveau président le nomme au Conseil national de sécurité, assistant spécial de Condoleezza Rice chargé des Droits de l’homme ; puis, en 2002, assistant spécial chargé du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord. En fait de droits de l’homme, il supervise la tentative de coup d’État au Venezuela, pour renverser le président élu Hugo Chavez et y « rétablir la démocratie » face au bolivarisme [20]. Plus tard, au Proche-Orient, il propose de « démocratiser la Palestine » en éliminant les dirigeants du Hamas et Yasser Arafat et en plaçant Mahmoud Abbas au pouvoir. Les premiers seront assassinés, le second mourra d’une maladie inconnue et foudroyante, le troisième remportera des élections après que ses rivaux aient été dissuadés de se présenter. En fermant le front palestinien, il devient possible d’ouvrir le front syrien.
En octobre 2002, il explique devant un parterre de Scientologues et de Moonistes, réunis au sein de la Coalition internationale pour la liberté religieuse, que « Les élites éduquées d’aujourd’hui, particulièrement à l’Ouest, sont toujours les enfants des Lumières » [21], une philosophie honnie qu’il est temps d’éradiquer avant qu’elle n’éloigne l’homme de Dieu et le pousse vers le communisme.
En octobre 2003, il aide, avec Richard Perle et ses amis, à organiser le sommet de Jérusalem consacré à l’avènement de la « théopolitique » [22] : la lecture des Écritures enseigne aux sages la volonté de Dieu en politique.
Le président George W. Bush vient de nommer M. Abrams adjoint du conseiller national de sécurité Stephen Hadley [23]. Son programme : attaquer la Syrie baasiste en lui imputant un attentat [24] et transformer le Liban en État chrétien.
[2] « Les New York Intellectuals et l’invention du néo-conservatisme » par Denis Boneau, Voltaire, 26 novembre 2004.
[3] Madame Kirkpatrick avait été la présidente des jeunes de SD/USA. Elle quitta le Parti démocrate pour devenir l’ambassadrice de Ronald Reagan à l’ONU.
[4] Ce retrait n’a été effectif qu’en 1984, il a été suivi de celui du Royaume-Uni. Celui-ci a réintégré l’UNESCO en 1988, et les États-Unis en 2002 après 18 ans d’absence
[5] L’essayiste français Raymond Aron deviendra le président d’honneur du Committee for the Free World et créera un équivalent de Commentary, la revue Commentaire. Cf « Raymond Aron, avocat de l’atlantisme » par Denis Boneau, Voltaire, 21 octobre 2004.
[6] À l’époque, diverses ONG avaient lancé une campagne mondiale de boycott de Nestlé pour protester contre sa politique agressive de destruction des économies du tiers-monde en faveur de la consommation de laits maternisés. L’OMS étudiait une réglementation internationale pour mettre fin aux agissements de la multinationale, dont les milliardaires français Liliane et André Bettencourt étaient les actionnaires de référence. Pour contrer le boycott, Nestlé engagea Ernest W. Lefever, qui finança et publia divers articles et brochures de défense de la multinationale. Ce rôle de lobbyiste ayant été éventé, le sénat rejetta la nomination de M. Lefever. Cf. L’Empire Nestlé par Pierre Harrisson, Éditions Pierre-Marcel Favre (Suisse), 1982.
[7] « USA ONU - L’ONU aide à légitimer l’antisémitisme, estime un responsable américain », AFP, 10 décembre 1984, 22h10 GMT.
[8] « La NED, nébuleuse de l’ingérence démocratique » par Thierry Meyssan, Voltaire, 22 janvier 2004.
[9] « Otto Reich et a contre-révolution » par Arthur Lepic et Paul Labarique, Voltaire, 14 mai 2004.
[10] « Contra-Intuitive » éditorial de Mary McGrory, Washington Post, 8 juillet 2001.
[11] Ibid.
[12] Le conseil d’administration du Hudson Institute est alors composé de nombreux amis d’Eliott Abrams, dont Jeane Kirkpatrick (qui l’avait fait nommer dans l’administration Reagan) et Carl Gersham (président de la NED). On y trouve aussi les Français Alain Besançon et Jean-Claude Casanova (revue Commentaire).
[13] En 1997, la secrétaire d’État, Madeleine Albright, s’est adjoint un « Comité consultatif pour la liberté religieuse à l’étranger », composé de vingt leaders religieux américains, sous la présidence de John Shattuck. En 1998, elle s’est adjoint un « Représentant spécial pour la liberté internationale de religion », Robert Seiple. Sur pression du Congrès, le président Clinton a promulgué, en octobre 1998, une loi sur la liberté internationale de religion (International Religious Freedom Act), qui donne pouvoir au président d’appliquer des sanctions économiques et politiques à l’encontre des États coupables d’atteintes à la liberté religieuse.
[14] Faith or Fear : How Jews can Survive in a Christian America par Elliott Abrams, Free Press, 1997.
[15] Professeur de droit à l’université d’Harvard, Mary-Ann Glendon dirigea la délégation du Saint-Siège à la conférence de l’ONU au Caire. Elle devint par la suite la présidente de l’Académie pontificale des sciences sociales. En 2001, le président George W. Bush l’a nommée au Comité consultatif de bioéthique qu’il venait de créer.
[16] Le journaliste Thomas Paine fut à l’origine de la Révolution américaine avant de devenir député pendant la Révolution française. Dans son ouvrage sur les Droits de l’homme, il analyse les différences de conceptions entre les deux pays.
[17] « Les marionnettistes de Washington » par Thierry Meyssan, Voltaire, 13 novembre 2002.
[18] « L’Institut américain de l’entreprise à la Maison-Blanche », Voltaire, 21 juin 2004.
[19] Present Dangers. Crisis and Opportunity in American Foreign and Defense Policy, Encounter Books, 2000. L’expression « dangers actuels » fait référence au Comité sur les dangers actuels que le sénateur Jackson anima pendant la Guerre froide.
[20] « Opération manquée au Venezuela » par Thierry Meyssan, Voltaire, 18 mai 2002.
[21] Cité dans « USA : promotion sectaire au nom de la liberté religieuse » par Michel Muller, L’Humanité, 18 novembre 2002.
[22] « Sommet historique pour sceller l’Alliance des guerriers de Dieu », Voltaire, 17 octobre 2003.
[23] « Stephen Hadley, conseiller de sécurité national », Voltaire, 16 décembre 2004.
[24] « La cible syrienne » par Paul Labarique, Voltaire, 27 janvier 2004
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Introduction to neo-conservatism. Chapitre 3 de la thèse de doctorat de Andrés Perez-Alonso.
Signataires du Project for a New American Century:
Elliott Abrams
Gary Bauer
William J. Bennett
Jeb Bush
Dick Cheney
Eliot A. Cohen
Midge Decter
Paula Dobriansky
Steve Forbes
Aaron Friedberg
Francis Fukuyama
Frank Gaffney
Fred C. Ikle
Donald Kagan
Zalmay Khalilzad
I. Lewis Libby
Norman Podhoretz
Dan Quayle
Peter W. Rodman
Stephen P. Rosen
Henry S. Rowen
Donald Rumsfeld
Vin Weber
George Weigel
Paul Wolfowitz (Wolfowitz Doctrine)