L'administration américaine accusée de couvrir des crimes de guerre commis en Afghanistan
LEMONDE.FR avec AFP et AP | 11.07.09
L'administration de l'ancien président américain George W. Bush a tenté à plusieurs reprises de bloquer des enquêtes sur le massacre fin 2001 de centaines de prisonniers talibans impliquant le général Abdul Rashid Dostam, soutenu à l'époque par la CIA, rapporte le New York Times, vendredi 10 juillet...
Afghanistan: massacre de prisonniers sous enquête
--Encadré --
Un massacre survenu en 2001
afp/jeh
Des talibans victimes de crimes de guerre
par Amélie Baron
14/07/2009
L’administration de l’ancien président américain George W. Bush aurait tenté à plusieurs reprises de bloquer des enquêtes sur le massacre, fin 2001, de centaines de prisonniers talibans. Les exactions ont été commises par le chef de guerre Rachid Dostam, alors soutenu par Washington. Le président américain Barack Obama a indiqué avoir ordonné une enquête sur ces possibles blocages.(...)
Crimes de guerreAvec ses miliciens, Dostam organise des convois pour transporter les talibans déchus vers la prison de Sheberghan, à 300 km à l’ouest de Kunduz. Durant trois jours, les détenus sont transportés dans des conteneurs, sans eau et sans nourriture. Les mains attachées dans le dos, les hommes sont entassés à plus de cent par camions. Selon l’Organisation afghane des droits de l’homme, plus de 1000 sont morts asphyxiés durant le trajet.
Une fois dans la ville de Sheberghan, les hommes de Dostam auraient abattu certains survivants à travers les parois des conteneurs. Sur les 3 000 talibans qui se sont rendus après leur défaite à Kunduz, seuls 1 000 ont survécu.
Ces actes, considérés comme crimes de guerre par l’ONG américaine Physicians for Human Rights (PHR), se seraient déroulés en présence de forces spéciales américaines, chargées à cette période de la sécurité de la prison de Sheberghan.
Les talibans tués ont ensuite été enterrés à quelques kilomètres dans une fosse commune à Dast-i-Leile, en plein désert, toujours sur les ordres de Dostam. Là encore, des témoins évoquent la présence de soldats américains qui ne seraient pas intervenus pour empêcher l’enfouissement des corps.
Des enquêtes entravées
Depuis le début de l’année 2002, l’ONG américaine PHR se bat pour qu’une enquête indépendante fasse la lumière sur ce qu’elle considère comme des crimes de guerre et sur l’éventuelle implication des forces américaines. Sur son site dédié, l’organisation publie photos et vidéos issues de ces recherches sur le terrain.
Dès août 2002, le journal Newsweek publie le récit du massacre présumé. A partir des témoignages de conducteurs de camions, de villageois afghans habitant à côté de Dast-i-Leile et même de personnels de l’ONU sous couvert d’anonymat, l’hebdomadaire américain fait état des crimes de guerre dont Abdul Rachid Dostam se serait rendu coupable. Et aux journalistes de poser la question : « Est-ce que les Etats-Unis ont une part de responsabilité dans les atrocités commises par ses alliés ? ».
En 2006, Jamie Doran, producteur irlandais, a réalisé un documentaire sur ces événements. Dans ce film, l’ancien journaliste de la BBC a interrogé militaires, responsables des Nations unies, d’ONG ainsi que des prisonniers victimes de ces exactions. Sur les lieux de la fosse commune, à Dast-I-Leile, il a filmé les ossements encore présents, non protégés par les autorités afghanes ou par les Nations unies.
Depuis leur rencontre avec Jamie Doran, deux des témoins interrogés ont depuis été tués.
LE MONDE | 13.07.09 | 15h17 • Mis à jour le 13.07.09
Le 10 mai, le journal libyen Oea a annoncé qu'Ibn Al-Shaykh Al-Libi avait été retrouvé mort dans sa cellule de la prison d'Abou Salim, en Libye. Suicide par pendaison, selon la version officielle. Une mort qui arrange beaucoup de monde, à Tripoli, au Caire et à Washington. Car Al-Libi, de son vrai nom Ali Abdul Hamid Al-Fakheri, était devenu gênant.
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IRAK
Lu sur onnousprendspourdescons.blogspot.com
USA : peuple sans culture qui a ravagé un patrimoine de l'humanité en Iraq - "US damages Iraq's historic Babylon"
Des "dégâts considérables" ont été infligés au site de Babylone par les troupes américaines et leurs sous-traitants
selon le rapport final d'évaluation présenté jeudi à Paris par l'UNESCO, l'agence culturelle de l'ONU, qui compte faire inscrire d'ici deux ans la cité antique au Patrimoine mondial de l'humanité. Entre 2003 et 2004, au début de l'intervention américaine en Irak, les forces de la coalition avaient installé leur base sur le site archéologique situé à 90km au sud de la capitale, Bagdad. La capitale de Nabuchodonosor, qui y avait fait construire les fameux jardins suspendus, l'une des "sept merveilles du monde" dans l'Antiquité, était devenue le "camp Alpha".
Autant établir un "camp militaire autour de la Grande pyramide en Egypte", avait déjà dénoncé en 2005 un rapport du British Museum, rappelle l'UNESCO, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture.
Les troupes américaines et les entreprises privées travaillant avec le Pentagone, en particulier KBR, alors filiale de Halliburton, ont creusé des tranchées de plusieurs centaines de mètres au milieu des vestiges, utilisé des bulldozers et fait rouler des chars pesants sur les fragiles pavés du chemin de procession, autrefois sacré.
Le rapport final, élaboré par le sous-comité sur Babylone du Comité international de coordination pour la sauvegarde du patrimoine culturel de l'Irak de l'UNESCO (ICC-Irak), "établit une description des dégâts qui fait l'objet d'un accord international". Il constate que "la ville archéologique a subi d'importants dégâts dus à des travaux de creusement, percement, arasement et nivelage", selon l'UNESCO.
Parmi les principales structures endommagées "figurent la porte d'Ishtar et le chemin de procession". L'archéologue John Curtis du British Museum a inspecté le site en 2004 juste avant que les soldats américains ne le restituent au Conseil des antiquités et du patrimoine irakien (SBAH) face à l'indignation internationale. D'après lui, neuf des dragons sculptés dans la porte d'Ishtar, vieille de 2.600 ans, ont été vandalisés par des pillards quand le site était sous contrôle des Américains.
Site archéologique depuis 1935, la capitale des rois Hammourabi et Nabuchodonosor, cité vieille de 4.000 ans, a subi nombre d'outrages à travers le temps. Au XIXe siècle, les archéologues européens avaient arraché des murs nombre des plus célèbres oeuvres, encore visibles aujourd'hui dans des musées du Vieux continent.
Entre 1978 et 1987 de grands projets de restauration avaient été entrepris, des équipements modernes étant introduits. A son "grand détriment", le site avait ensuite subi des "travaux d'aménagement majeurs" pour la construction d'un nouveau palais du président Saddam Hussein. Enfin, le site a été pillé lors de la guerre en 2003 et a servi de base aux soldats américains.
Depuis sa restitution aux Irakiens, le site a encore été victime de pillages et du marché noir. Mais le Dr Curtis a jugé "encourageant" de constater qu'il n'existe aucun signe de dégâts causés de manière intentionnelle ou accidentelle au site" depuis décembre 2004.
A l'heure actuelle, les problèmes majeurs sont ainsi liés "à la négligence et au manque d'entretien", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. "Tous les édifices restaurés de Babylone sont en mauvais état, en particulier les temples de Ninmah, de Nabû sa hare et d'Ishtar, les maisons babyloniennes et le palais sud de Nabuchodonosor", sur lesquels il faut "intervenir d'urgence".
D'après les auteurs du rapport, l'étendue des dommages est telle qu'il est encore trop tôt pour évaluer la somme nécessaire pour restaurer et pleinement protéger le site, selon le Dr Curtis et les experts.
Remédiera-t-on jamais à l'immense saccage de la soldatesque américaine en Mésopotamie ?
Source AP = (Lien)