With the advent of anti-feudalism, and most importantly the success of the American Revolution, elites were no longer able to dominate information with the edge of a blade or the barrel of a gun. The establishment of Democracies (and Democratic Republics), with their philosophy of open government and rule by the people, compelled Aristocratic minorities to plot more subtle ways of obstructing the truth and thus maintaining their hold over the world without exposing themselves to retribution from the masses. Thus, the complex art of disinformation was born. The technique, the “magic” of the lie, was refined and perfected. The mechanics of the human mind and the human soul became an endless obsession for the elites.
La nouvelle stratégie d’Israël : « saboter » et « attaquer » le mouvement pour une justice globale
Dans une série extraordinaire d’articles, de rapports et d’exposés, l’influent Institut israélien Reut a identifié le mouvement pour une justice globale, l’égalité et la paix comme une "menace existentielle" pour Israël, écrit Ali Abunimah.
L’institut Reut a demandé au gouvernement israélien de consacrer des ressources substantielles pour « attaquer » voire "saboter" ce mouvement de manière criminelle dans ce que Reut appelle, les "pôles" internationaux de Londres, Madrid, Toronto, la baie de San Francisco et au-delà.
D’après les analyses de l’institut Reut, la doctrine stratégique israélienne traditionnelle - considérant que les menaces pour l’existence de l’État doivent être traitées par des moyens principalement militaires et ainsi combattues - est terriblement dépassée. Israël est plutôt confronté aujourd’hui à la double menace d’un "réseau de résistance" et "d’un réseau de délégitimisation."
Le réseau de résistance est composé de groupes politiques armés comme le Hamas et le Hezbollah qui "s’appuient sur des moyens militaires pour saboter tout geste visant à influer sur la séparation entre Israël et les Palestiniens ou à obtenir une solution à deux Etats" ("The Delegitimization Challenge : Creating a Political Firewall, Reut Institute, 14 février 2010).
En outre, le "réseau de résistance", vise prétendument à provoquer l’"implosion" politique d’Israël — à la façon de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne de l’Est ou de l’Union soviétique — plutôt que d’obtenir une défaite militaire par un affrontement direct sur le champ de bataille.
Le "réseau de délégitimisation" — que le président de l’Institut Reut, Gidi Grinstein, ancien conseiller auprès du gouvernement israélien, désigne de manière provocante comme une "alliance impie" avec le réseau de résistance — est constitué du vaste mouvement, décentralisé et informel pour la paix et la justice, les droits humains et le BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) regroupant des militants partout dans le monde. Ses manifestations incluent des protestations contre les visites de responsables israéliens dans les universités, la semaine de l’Apartheid israélien, l’activisme des institutions confessionnelles et syndicales, et "la guerre juridique" — par le recours à la compétence universelle pour cibler les présumés criminels de guerre israéliens. L’institut Reut a même cité mon discours à la conférence sur le BDS organisée par les étudiants du Hampshire College en novembre dernier comme guide sur la façon dont la stratégie de "délégitimisation" est censée fonctionner ("Eroding Israel’s Legitimacy in the International Arena," Institut Reut, 28 janvier 2010).
L’"attaque" combinée des "résistants" et des,"délégitimateurs" dit Reut, "a une importance stratégique, et peut devenir une menace existentielle globale dans quelques années."
Il avertit en outre que le "présage d’une telle menace serait l’effondrement de la solution à deux Etats, accord-cadre pour la résolution du conflit israélo-palestinien, ainsi que le regroupement derrière une ’solution à un Etat’ comme nouveau cadre alternatif."
Au niveau de base, l’analyse de Reut représente un progrès par rapport aux couches plus primitives et jusqu’ici dominantes de la pensée stratégique israélienne ; elle montre que l’on comprend, comme je l’ai dit dans mon discours à Hampshire, que "le sionisme ne peut pas simplement bombarder, enlever, assassiner, expulser, démolir, coloniser, mentir et arriver à se faire légitimer et accepter."
Mais ce qui sous-tend l’analyse de l’institut Reut est son incapacité totale à démêler les causes et les effets. Elle semble supposer que l’érosion spectaculaire de la réputation internationale d’Israël depuis ses guerres contre le Liban en 2006 et contre Gaza en 2009 est le résultat des prouesses du" réseau de délégitimisation" auquel il impute des objectifs totalement infâmes , sournois et malsains — à savoir, la "destruction d’Israël."
Elle blâme les "délégitimateurs" et les "résistants" de l’échec de la solution à deux Etats sans tenir compte de l’impitoyable et inexorable colonisation israélienne— appuyée par pratiquement tous les organes de l’État — délibérée et destinée à rendre impossible le retrait israélien de Cisjordanie.
L’analyse n’a jamais considéré, un seul instant, que l’escalade des critiques visant les actions israéliennes pourrait être justifiée, ou que ceux qui viennent gonfler les rangs des gens qui sont prêts à consacrer leur temps et leurs efforts pour s’opposer aux actions d’Israël puissent être motivés par une indignation sincère et le désir de voir se concrétiser la justice, l’égalité et la fin des effusions de sang. En d’autres mots, Israël est en train de se délégitimer lui-même.
Reut n’a pas recommandé au cabinet israélien — qui a récemment tenu une session extraordinaire afin d’entendre un exposé des conclusions du groupe de réflexion — qu’Israël change effectivement son comportement envers les Palestiniens et les Libanais. Il ne comprend pas que l’apartheid sud-africain a également été confronté à un « réseau de délégitimisation » mondial, mais que celui-ci a maintenant complétement disparu. Et pourtant, l’Afrique du Sud, existe toujours. Une fois que la cause motivant le mouvement a disparu - l’injustice de l’apartheid officiel — les gens ont abandonné leurs panneaux et leurs campagnes BDS et sont rentrés chez eux.
Au lieu de cela, Reut recommande au gouvernement israélien une contre-offensive agressive et éventuellement criminelle. Dans sa présentation powerpoint faite à la récente Conférence d’Herzliya sur la sécurité nationale israélienne, Grinstein invite effectivement les "services de renseignement " israéliens à se concentrer sur les « pôles » nommés ou non du" réseau de délégitimisation " et d’ "attaquer les catalyseurs" de ce réseau. Dans son document "The Delegitimization Challenge : Creating a Political Firewall " Reut recommande qu’ "Israël sabote les catalyseurs du réseau ».
L’utilisation du mot "sabotage" est particulièrement frappante et devrait attirer l’attention des gouvernements, des services juridiques et des directeurs d’université préoccupés par la sécurité et la protection de leurs étudiants et de leurs citoyens. La seule définition de "sabotage" dans le droit des USA le qualifie d’acte de guerre au même titre que la trahison lorsque qu’il est mené contre les USA. En outre, dans l’usage courant, l’American Heritage Dictionary définit le sabotage comme "un acte déloyal visant à faire échouer ou à entraver une cause ou un projet ; subversion délibérée." Il est difficile d’imaginer une utilisation légitime de ce terme dans un contexte politique ou dans des campagnes de sensibilisation.
À tout le moins, Reut semble demander aux services d’espionnage israéliens de mener des actions clandestines pour s’ingérer dans l’exercice de la liberté d’expression, d’association et de soutien, aux USA, au Canada et dans les pays de l’Union européenne, et éventuellement pour nuire à des personnes et des organisations. Ces mises en garde concernant les intentions éventuelles d’Israël — surtout à la lumière de sa longue histoire d’activités criminelles sur sol étranger — ne devraient pas être prises à la légère.
L’Institute Reut, basé à Tel-Aviv, lève un montant important de fonds exonérés d’impôts aux USA par le biais de sa branche sans but lucratif appelée "Les Amis étasuniens de l’Institut Reut" (AFRI). Selon ses documents publics, l’AFRI a envoyé près de 2 millions de dollars à l’Institut Reut en 2006 et 2007.
Outre une campagne internationale de sabotage sous les auspices de l’État, Reut a également recommandé une politique "douce". Celle-ci fait appel spécifiquement à la hasbara, ou propagande d’Etat, pour donner une image verte d’Israël, refuge high-tech des technologies environnementales et des produits culturels de haut niveau — ce qu’il appelle la "marque Israël."
D’autres éléments comprennent "le maintien de milliers de relations personnelles avec des élites et des personnes influentes du monde politique, culturel, dans celui des médias et de la sécurité à travers le monde et la « mise à contribution » encore plus étroite à sa cause « des communautés juives et israéliennes de la diaspora ». Il a même souligné qu’Israël devrait utiliser "l’aide internationale" pour renforcer son image (son incursion de pure forme dans le tremblement de terre d’Haïti illustre cette tactique).
Le point commun de ces stratégies est qu’elles visent à décourager, retarder et détourner l’attention de la question fondamentale : tout en se prétendant un État libéral et démocratique, Israël est une ethnocratie ultranationaliste qui s’appuie sur la répression violente des droits les plus fondamentaux de millions de Palestiniens, qui seront bientôt en majorité démographique, afin de maintenir le statu quo. Dans la nouvelle stratégie de Reut on ne change pas de jeu.
Reut ne se rend apparemment pas compte de l’ironie qu’il y a à essayer de réformer la "Marque Israël" en quelque chose de confortable, tout en recommandant publiquement que les espions israéliens tristement célèbres "sabotent" les groupes pacifistes sur le sol étranger.
Il y a deux leçons dont nous devons tenir compte : l’analyse de Reut prouve l’efficacité de la stratégie BDS, et comme les élites israéliennes craignent de plus en plus pour les perspectives à long terme du projet sioniste , elles risquent d’être plus impitoyables, plus dénuées de scrupules et plus désespérées que jamais.
Ali Abunimah est co-fondateur de l’Electronic Intifada et l’auteur de : One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse.
Ali Abunimah est cofondateur de The Electronic Intifada et l’auteur de One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006).
The Electronic Intifada - Cet article peut être consulté ici :
Traduction : Anne-Marie Goossens
http://www.info-palestine.net