Harper et le prix "humanitaire" du World Statesman of the Year, son nouveau prétexte pour justifier son boycott de l'ONU
Un prix qu'on ne saurait pourtant qualifier d'humanitaire puisqu'il
représente les intérêts d'un petit groupe d'intérêt qui domine la
politique, les médias et la finance par le biais de ses ressortissants
internationaux!
Sean
Kilpatrick/THE CANADIAN PRESS Prime Minister Stephen Harper is
presented with the World Statesman of the Year Award by Rabbi Arthur
Schneider, president and founder of the Appeal of Conscience Foundation,
at the Waldorf Astoria Hotel in New York. (Sept. 27, 2012)
Le
Premier ministre Stephen Harper a fait aujourd’hui le discours suivant
lors du souper d’honneur annuel de la fondation Appeal of Conscience :
«
Merci beaucoup. Rabbin Schneier, président Chenevert, Louis; mes
collègues ministres Baird, Kent, Fantino, Ablonczy; secrétaire
parlementaire Obhrai; sénatrice Wallin; ambassadeurs Doer et
Rishchynski; haut commissaire Campbell; consul général Prado; les autres
lauréats Vikram Pandit et Virginia Rometty; invités honorés qui
partagent notre table d’honneur et distingués invités; mesdames et
messieurs.
« Je veux d’abord commencer par remercier Henry Kissinger de cette généreuse présentation.
«
Je dois dire, M. Kissinger, que je suis, bien sûr, conscient non
seulement de votre contribution immense à votre pays et aux relations
internationales, mais je suis votre admirateur depuis longtemps.
« Je dois vous dire que je fais partie de vos admirateurs depuis l’époque où je n’étais pas encore en âge de voter.
« C’est pourquoi le fait de me trouver sur cette scène avec vous et que vous me présentiez signifie vraiment beaucoup pour moi.
« Je suis, bien sûr, honoré, et veux remercier le rabbin Schneier, du fait que nous sommes tous ici ce soir.
«
Je ne parle pas uniquement de cette nombreuse et impressionnante
assemblée, mais plus particulièrement de la cause pour laquelle vous
nous avez réunis, comme vous le faites depuis tellement d’années.
«
Dans un univers rempli d’intérêts contradictoires et complexes qui
entrent en concurrence les uns avec les autres, il est trop facile de
faire la sourde oreille à la voix douce et subtile de notre conscience.
« Mais si nous le faisons, le monde est perdu.
«
Vous avez choisi de consacrer votre vie à prendre les horreurs que vous
avez vécues et à vous en servir pour nous rappeler une dimension
réellement porteuse d’espoir : la liberté et la dignité humaine de
chaque personne.
« C’est pourquoi vous avez toute notre admiration et notre estime!
«
Mesdames et messieurs, c’est sur ces fondations de liberté et de
dignité humaine que le Canada cherche, dans un monde incertain, à
élaborer une politique étrangère qui repose sur des principes certains.
«
Ces principes sont enracinés dans le patrimoine de notre propre pays et
dans le respect qu’on y nourrit depuis longtemps pour la liberté, la
démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.
« Mais ils vont plus loin que cela.
«
En ce qui a trait aux affaires étrangères, il existe un vaste consensus
parmi les Canadiens et les Canadiennes; un esprit de générosité que
l’on pourrait décrire comme un simple désir de jouer franc jeu.
«
Par exemple, nous, les Canadiens, sommes très conscients de notre
propre souveraineté, et nous attendons de nos gouvernements qu’ils
prennent des décisions pragmatiques dans l’intérêt national du Canada.
«
Mais nous voulons également que ces gouvernements soient de bons
citoyens du monde, qui essaient de comprendre le point de vue des
autres, et qui tâchent d’agir de concert avec nos partenaires, dans
l’intérêt supérieur de l’humanité.
«
Bien sûr, cela ne revient pas, mes amis, à essayer de séduire tous les
dictateurs à l’aide d’un vote aux Nations Unies ou à simplement accepter
tous les consensus internationaux qui émergent, même lorsqu’il s’agit
d’aberrations évidentes.
«
Lorsque nous devons faire face au mal, nous adoptons dans nos affaires
des positions fortes, fondées sur nos principes, qu’elles soient
populaires ou non.
«
Et c’est ce à quoi le monde s’est attendu du Canada – et a obtenu de
lui – lors des deux guerres mondiales, en Corée, au cours de nombreuses
opérations de maintien de la paix, lors de la première guerre du Golfe
et, bien sûr, plus récemment, en Afghanistan et aussi en Libye.
«
Enfin, je suis venu vous dire que les Canadiens sont fiers, immensément
fiers, d’être réputés pour avoir mis sur pied à la fois une économie
concurrentielle et une société compatissante, et de la combinaison sans
pareille de diversité culturelle et d’harmonie qui attire chez nous des
gens de tous les pays.
«
En un mot, mesdames et messieurs, je me présente ici ce soir pour
accepter votre prix, non en raison de mes qualités personnelles, mais au
nom du pays unique et magnifique que j’ai le privilège de diriger.
« Parmi les atouts dont dispose le Canada figure son voisinage.
« Il faut dire que le Canada n’a réellement qu’un seul voisin, et c’est le meilleur voisin qu’un pays puisse souhaiter.
«
Maintenant, cher rabbin, nous nous souvenons qu’il y a 200 ans, cette
année, débutait la dernière guerre survenue entre nos deux pays; la
guerre qui a réellement établi notre indépendance.
«
Le fait que notre pays, relativement petit en comparaison au vôtre, ait
pu vivre en sécurité et prospérer durant près de deux siècles témoigne
de la force constante et de la bienveillance qui constituent l’essence
des États Unis d’Amérique.
« Alors, merci de ce formidable partenariat et de votre amitié inébranlable.
« Et, mes amis, permettez moi de poursuivre en vous disant que …
«
Nous condamnons sans équivoque les récentes émeutes antiaméricaines
survenues devant vos ambassades et nous exprimons nos sincères
condoléances à ceux et celles qui ont perdu des amis et des proches à la
suite de l’attaque meurtrière dont votre consulat en Libye a été la
cible.
«
Cela, mesdames et messieurs, m’amène à faire ce que je veux faire ce
soir, qui consiste à vous faire part d’une brève réflexion quant à
l’état du monde dans lequel nous vivons et de l’état de nos valeurs au
sein du monde dans lequel nous vivons.
« Il y a quelques instants, je parlais d’un monde incertain.
« De quelles incertitudes s’agit il, et quelles sont leurs conséquences?
«
Les années que nous traversons actuellement nous apparaissent comme une
époque de changements extraordinaires, comme si une main gigantesque
faisait tourner la roue de l’histoire.
«
Certains pays ayant toujours partagé les mêmes valeurs que nous, comme
un bon nombre de nos amis européens, sont écrasés par des dettes qu’ils
ne semblent pas parvenir à endiguer, par des dépenses obligatoires
qu’ils ne peuvent plus se permettre et par des économies chancelantes
qui montrent peu de signes de croissance.
«
Pendant ce temps, nous assistons à l’émergence de nouvelles puissances
dont l’adhésion à nos idéaux n’est souvent ni ferme, ni claire.
«
Ce que certains ont perçu comme un printemps rempli d’espoir pour la
démocratie se transforme rapidement en été de colère et de populisme.
«
Les vieilles rancœurs semblent ressusciter et stimuler les groupes qui
prônent la terreur, et certains États dangereux et voyous cherchent à
obtenir des armes nucléaires.
« Bien entendu, ces grands changements mondiaux s’accompagnent souvent de possibilités d’envergure mondiales.
«
Lorsque je le regarde, le monde est probablement plus libre et plus
démocratique aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été depuis ma naissance.
« Pourtant, paradoxalement, l’avenir du monde libre et démocratique a rarement été aussi menacé.
« Comme je l’ai déjà dit, certaines nouvelles puissances ne sont ni des amis sûrs, ni des ennemis implacables.
«
Parce qu’elles sont peut-être plus compliquées, plus difficile à
évaluer, je n’élaborerai pas davantage à ce sujet si ce n’est pour dire
qu’il est très important, lorsque nous interagissons avec de telles
puissances, de comprendre clairement et de ne jamais oublier à qui nous
avons affaire.
«
Certains autres pays, toutefois, constituent sans ambiguïté un danger
clair et actuel, qui ne nécessite aucune évaluation approfondie.
« Parmi ceux ci, vient en premier lieu le gouvernement de l’Iran.
«
Je ne parle pas seulement, mes amis, de son bilan désastreux en matière
de droits de la personne, ou de l’aide active qu’il apporte au régime
brutal de la Syrie, ou de son soutien indéniable aux entités
terroristes, ou de sa négation constante des droits diplomatiques, ou de
sa quête de l’arme nucléaire; mais c’est plutôt la combinaison de tous
ces éléments avec une idéologie réellement malveillante qui devrait nous
inquiéter.
« Je crois que la voix de notre conscience nous oblige à dénoncer ce que le régime iranien défend et représente.
«
De la même façon qu’elle nous oblige à exprimer notre soutien à l’égard
du pays le plus directement visé par la haine que nourrit ce régime,
soit l’État d’Israël.
« Cependant, mes amis, notre appui à Israël ne signifie pas que nous sanctionnons chacune des politiques de son gouvernement.
«
Cependant, lorsqu’il s’agit du pays de la communauté mondiale dont
l’existence même est menacée, notre gouvernement refuse de se servir de
tribunes internationales pour montrer du doigt et critiquer Israël.
«
Et il est important de déclarer que, peu importe les lacunes d’Israël,
ni l’existence, ni les politiques de ce pays ne sont responsables des
pathologies présentes dans cette partie du monde.
«
Et nous sommes également conscients d’une leçon que l’histoire nous a
enseigné selon laquelle ceux qui prennent le peuple juif comme cible de
leur intolérance raciale ou religieuse deviendront inévitablement une
menace pour chacun de nous.
«
Et, de fait, ceux qui ciblent Israël de cette manière aujourd’hui sont
également, par leurs paroles et leurs actes, une menace pour toutes les
sociétés libres et démocratiques.
«
Maintenant, mes amis, je dis cela non pour encourager quelque mesure
particulière, ni pour souhaiter plus de misère à la population iranienne
qui souffre depuis longtemps, mais plutôt pour que nous n’hésitions pas
à reconnaître le mal dans le monde lorsqu’il le faut.
«
Notre gouvernement soutient simplement que la communauté internationale
doit en faire plus, doit tout mettre en œuvre pour accentuer la
pression et isoler ce régime.
« Mesdames et messieurs, laissez moi seulement terminer en vous disant ceci.
«
Nous ne devrions jamais considérer les autres comme étant du côté du
mal simplement parce qu’ils sont en désaccord avec nous ou nous font
concurrence.
«
Mais là où se trouve le mal se trouveront invariablement des
divergences irréconciliables avec les idéaux qui animent le Canada, les
États Unis et les pays aux vues similaires.
«
Les idéaux selon lesquels toutes les personnes sont investies de la
dignité humaine et devraient se voir accorder les mêmes droits.
«
Le rôle du Canada n’est pas de faire la leçon aux autres, mais notre
gouvernement se doit de faire les choix que les circonstances nous
imposent, et nous ferons ces choix.
« Premièrement, nous choisirons nos amis avec soin.
«
Et nos véritables amis sont ceux qui, de par leur essence, respectent à
la fois la volonté de leur majorité et les droits de leur minorité.
«
Deuxièmement, nous négocierons ouvertement et équitablement avec ceux
qui pourraient ne pas être nos amis, mais nous ne nous laisserons pas
leurrer quant à ces relations.
« Et nous ne sacrifierons pas les principes qui nous guident pour obtenir quelque avantage éphémère.
«
Troisièmement, nous ferons en sorte de reconnaître les menaces claires
et sans équivoque, et nous en dénoncerons les auteurs lorsqu’ils seront
devant nous.
«
Et finalement, cette fois pour nous mêmes, nous viserons à gérer nos
propres affaires, notre économie et nos finances, de manière à ne jamais
compromettre notre liberté d’action.
«
Car nous devons nous souvenir que les idéaux que nous défendons ont
peut être une valeur inestimable, mais ils ne sont pas invincibles.
« Ils exigent de nos pays une forte vigilance et une bonne gouvernance.
«
Et nous devons avoir la capacité de rendre les générations qui
viendront conscientes que ces idéaux constituent des privilèges.
« Nous devons, par conséquent, les respecter nous mêmes et les enseigner à nos enfants.
« Nous devons parler de démocratie dans nos écoles.
« Nous devons faire l’éloge de la liberté et de la justice.
« Nous devons valoriser nos institutions et leur longévité.
«
Et nous devons chérir les droits individuels pour lesquels nos ancêtres
ont versé leur sang, et inscrire en nos cœurs la vision de citoyens qui
savent ce que signifie le fait de vivre sans connaître la crainte.
« Parce qu’au bout du compte, là est la marque de la liberté.
« Mes amis, si nous faisons ces choses, nos pays sauront résister et continuer d’inspirer les autres.
« Et ceux d’entre nous qui ont été choisis pour diriger auront accompli tout ce que l’on pouvait attendre d’eux.
« Merci encore de m’avoir invité, de l’honneur que vous m’avez fait en m’invitant ce soir. »
Dans
un article précédent [1], nous avons pris en critique le deuxième point
de l’annonce d’Ottawa, accusant le régime iranien de fournir une aide
militaire au régime Assad ; nous avons démontré, comment Ottawa, en
rompant avec Téhéran, s’impliquait de plus en plus dans la
Sainte-Alliance contre la Syrie et l’Iran. Dans l’article présent, nous
prenons en critique le premier point indiquant que « le Canada considère
le gouvernement de l’Iran comme étant la menace la plus importante à la
paix et à la sécurité mondiales à l’heure actuelle [2] » ; et cela en
critiquant les allégations d’une telle annonce, et en désignant
l’implication du gouvernement Harper dans la Sainte-Alliance contre
l’Iran et la Syrie.
Généralités
Malgré les annonces « pacifistes » d’Ottawa qui firent évoquer l’Iliade
d’Homère et la Guerre de Troie, nous, dès le premier instant, prîmes
parti pour la vraie cause de la paix ; en Syrie pour les Syriens, en
Iran pour les Iraniens, au Proche-Orient pour les Juifs et les Arabes,
et dans le monde pour les peuples de tous les pays. En effet, dès le
premier instant, nous percions à jour l’annonce du ministre canadien des
Affaires étrangères, John Baird, qui, commençant à psalmodier la cause
de la paix mondiale, cherchait à débroussailler l’opinion publique pour
une guerre à venir contre l’Iran ; à canaliser le choc des Canadiens –
en adoptant un discours « pacifiste », mais basé malheureusement sur une
vision manichéenne – ; à forger leur opposition en suscitant une menace
imminente pour la paix mondiale, en provenance d’un État voyou – ici
l’Iran –, une menace qui sert en effet à détourner l’attention loin de
la folie de la coalition politique actuelle à Tel-Aviv qui sollicite la
guerre ; à détourner l’attention loin des jérémiades de Ménélas Benyamin
Netanyahu [3], qui suppliait son « frère » Agamemnon Stephen Harper [4]
à chevaucher avec lui dans une nouvelle Iliade, cette fois-ci contre
l’Iran, en dépit de l’opposition et des hurlements d’Arès Barack
Obama [5] ; à former enfin une opinion publique en faveur d’une nouvelle
Iliade ; pour sacquer Troie et prendre en captivité son roi Priamos ;
pour établir la démocratie démocratique en Syrie, en la
tournant en un émirat islamiste jihadiste, tel qu’il fut indiqué dans
moult reportages de première classe ; pour lever une nouvelle Iliade
comme la guerre de Troie n’a pu jamais en produire ; pour hurler enfin
avec Zeus Cronide [6] :
Va, songe
menteur, vers les nefs rapides des Achéens. Entre dans la tente de
l’Atréide Agamemnon et porte-lui très fidèlement mon ordre. Qu’il arme
la foule des Achéens chevelus, car voici qu’il va s’emparer de la ville
aux larges rues des Troyens. Les immortels qui habitent les demeures
Olympiennes ne sont plus divisés, car Hèrè les a tous fléchis par ses
supplications, et les calamités sont suspendues sur les Troyens [7].
Israël prend part à la danse de guerre
Au moment même où le gouvernement Harper appela à l’établissement de la démocratie démocratique
en Syrie, il laissa entreprendre, sous le commandement de la
Sainte-Alliance, une Iliade contre la Syrie qui, depuis dix-neuf mois,
s’engageait dans une confrontation sanglante contre les jihadistes
d’al-Qaïda et les islamistes wahhabites, premiers ennemis de toute démocratie démocratique.
En plus, au moment même où l’on accusa l’Iran d’être « la menace la
plus importante à la paix et à la sécurité mondiales à l’heure
actuelle », on s’aveugla sur les menaces que proférait la coalition
actuelle en Israël à ses voisins.
Quels calculs profonds ! Quel paradoxe historique !
Dire
que la coalition actuelle à Tel-Aviv n’appelle pas à la destruction de
ses voisins ne manque pas assez de souplesse que de naïveté à la
Palin [8], et cela pour deux raisons :
premièrement,
dans la réalité concrète des choses, la division manichéenne du monde
en deux camps, celui du bien et celui du mal, ne reflète en effet qu’une
vision enfantine de la réalité, et seuls ceux qui ne s’élèvent pas, par
leur méthode de penser, à un stade plus avancé, croient à telle
division, et agissent par conséquent comme s’ils étaient élus par Zeus
Cronide pour guerroyer contre Hadès et déraciner le mal de notre monde ;
deuxièmement,
les médias monopoles font encore témoins de dizaines de menaces de
destruction proférées ostensiblement aux pays voisins par les rois de la
coalition actuelle à Tel-Aviv. À titre d’exemple, le 7 avril 2008, le
ministre israélien des Infrastructures, Benyamin Ben Eliezer, menaça de
détruire l’Iran : « Israël adoptera “une riposte dure” et détruira
l’Iran si Téhéran lance une attaque contre l’État hébreu [9] ». Il
ajouta : « une attaque iranienne contre Israël déclenchera une riposte
dure qui provoquera la destruction de la nation iranienne [10] ». M. Ben
Eliezer fit ces déclarations, d’une rare virulence, à l’occasion d’une
réunion à son ministère organisée dans le cadre du plus grand exercice
militaire de l’histoire d’Israël.
Dans
une déclaration plus récente, le 2 février 2012, le ministre israélien
de la Défense, Ehud Barak, menaça, lors d’une conférence sur la
sécurité, d’attaquer l’Iran : « si les sanctions échouent, l’Iran devra
faire face à des attaques aériennes [11] ». Un peu plus tôt, le
vice-Premier ministre Moshe Yaalon eut déclaré que l’Iran devait être
stoppé « un jour ou l’autre ». À plus forte raison, MM. Netanyahu et
Barak estimèrent, dans ces conditions, qu’Israël devait attaquer pour
éviter une « nouvelle Shoah[12] ».
En
plus, le 11 septembre 2012, M. Netanyahu menaça à nouveau d’attaquer
l’Iran : « si la communauté internationale refuse de fixer une ligne
rouge à Téhéran en matière nucléaire elle ne peut demander à Israël de
rester sans réaction [13] ». Ajoutons à toutes ces danses de guerre la
caricature de M. Netanyahu à l’ONU, le 27 septembre, où il brandit le
dessin d’une bombe prête à exploser sur lequel il traça, au feutre, une
ligne rouge située juste en-dessous de l’« étape finale » [14].
Ces
mises en garde brutales de responsables israéliens, ces menaces
continues de rayer la nation iranienne, ces comportements de type
hystérique de la part de la coalition actuelle à Tel-Aviv, viennent
conforter Yedioth Ahronoth, qui affirma dans un éditorial
qu’Israël pourrait « renvoyer l’Iran à l’âge de la pierre [15] ». Il eût
suffi ici de retourner aux archives des médias monopoles pour récupérer
des données pertinentes sur le sujet ; ce que M. John Baird n’eût pas
fait, le jour où il rendit public son Iliade du Sept-Septembre. Il eût
fallu encore lui rappeler que servir la cause de la paix mondiale
nécessite la condamnation des cris et des hurlements de guerre en
provenance de tous les camps ; car on ne peut pas psalmodier la paix le
matin et apaiser Arès le soir, en lui chantant un péan [16]. Pourtant,
M. Baird insista que le régime iranien « menaçait régulièrement
l’existence d’Israël et tenait des propos antisémites racistes en plus
d’inciter au génocide [17] ».
Les menaces iraniennes entre le futur simple et le conditionnel présent
Au
lieu de laisser entreprendre dans l’Iliade de Ménélas Benyamin
Netanyahu contre l’Iran, le gouvernement Harper eût pu tout simplement,
et sans recours à la Nouvelle grammaire française de
Grevisse [18], vérifier le temps dans lequel les menaces iraniennes
furent conjuguées ; fût-ce le futur simple, qui appartient au mode
indicatif et s’emploie principalement pour exprimer une action à venir,
ou le conditionnel présent, qui s’emploie principalement pour exprimer
un événement ou un état soumis à une pré-condition ?
Autrement
dit, en proférant des menaces à rayer l’État hébreu, les responsables
iraniens utilisaient toujours le conditionnel présent et non le futur
simple, comme l’indiquaient les archives des médias iraniens, arabes et
occidentaux alternatifs – nous exclûmes ici les médias monopoles qui
faisaient clairement partie de la propagande de guerre contre l’Iran – :
« Si et seulement si
Israël attaque l’Iran, il sera rayé », ce fut précisément ce que les
dirigeants iraniens déclaraient à plusieurs reprises. À plus forte
raison, les dirigeants iraniens n’appelaient pas à la destruction de
l’État hébreu sans avoir mis leurs menaces dans ce contexte précis, qui
fut celui d’une attaque israélienne possible contre l’Iran. Ce qui mit
les déclarations iraniennes et celles israéliennes abordées ci-devant au
même niveau de danger et de menace à la paix mondiale ; et les
déclarations des rois de Tel-Aviv devinrent ainsi aussi dangereuses et
menaçantes que celles des dirigeants iraniens.
Hélas
! Le gouvernement Harper eût pu condamné et dénoncé les cris et les
hurlements de guerre en provenance des deux camps, du Royaume d’Israël
et de l’Empire perse, voire d’Israël et de l’Iran, au lieu de frapper
seulement l’Iran par la foudre de Jupiter, car ce fut dans ce contexte
précis qu’il fallait aborder les menaces proférées des deux camps, et
non pas, certainement, dans le contexte de la bonhomie du gouvernement
Harper.
Or, en
pleine crise économique mondiale qui frappe depuis presque cinq ans,
l’impérialisme trouve un exutoire dans une campagne contre la Syrie,
dans une guerre d’expansion au Moyen-Orient, dans une nouvelle Iliade
contre l’Iran. Plus les dirigeants occidentaux et les médias monopoles
accusent l’Iran d’être « la menace la plus importante à la paix et à la
sécurité mondiales à l’heure actuelle », plus les faits confirment qu’il
s’agit bien, comme nous le pensons, de préparations de la part des
centres de pouvoir impérialistes pour une agression contre l’Iran, où
les Canadiens, sous le règne du gouvernement Harper, joueraient un rôle
important, non comme des agent de la paix, mais comme « des acteurs
crédibles des rapports de force entre les puissances
internationales [19] ».
Ce que les Israéliens disent d’une guerre face à l’Iran
En
lisant les allégations d’Ottawa contre l’Iran, nous crûmes, pour
quelques instants, que le prophète Élia eut abandonné le robuste de
genièvre, dans le désert, pour assister au besoin de son peuple Israël,
après qu’il eut entendu la voix de l’ange du Seigneur lui disant : « Lève-toi et mange, car tu as un long chemin devant toi ! [20] ».
Or,
une série de questions se pose ici : est-ce que tous les Israéliens
appuient une guerre d’agression contre l’Iran ? Applaudissent-ils, tous,
les hurlements de guerre de Ménélas Benyamin Netanyahu et de son
ministre de la Défense, Ehud Barak surnommé Ajax le Grand [21] ? Et ces
déclarations de M. Baird, qui s’adressa aux Gentils [22] comme un
« inspirés parlant à des inspirés », est-ce que tous les Israéliens les
reçurent comme Daniel eut reçu le repas de Habacuc, en s’exclamant : « Vous Vous êtes souvenu de moi, ô Dieu, et Vous n’avez pas abandonné ceux qui Vous aiment [23] » ?
Certainement
pas ! En Israël comme en Iran, à l’Est comme à l’Ouest, des voix
s’élèvent contre la guerre, contre l’agression et contre la destruction
d’autres nations. À titre d’exemples, des milliers d’Israéliens ont
protesté, durant le mois d’août, afin de mettre des bâtons dans les
roues de la machine de propagande de guerre possible face à l’Iran.
Selon Yedioth Ahronoth,
environ 200 personnes ont protesté devant la résidence du ministre de
la Défense à Tel-Aviv. Parmi les manifestants, il y avait des figures
distinguées de la Gauche telles que Dov Khenin (membre du Knesset),
Eldad Yaniv et Doron Tsabari qui exprima son choc :
[I
was] shocked after reading all the Friday newspapers. What I read was
that a decision to go to war has been made against the position of the
entire security echelon. We are approaching an abyss. This will be a
crazed war. I can’t predict the future and I don’t know whether (Prime
Minister) Netanyahu plans to attack or not, but if he says he is going
to war I believe him. That’s why I am here, because I’m concerned [24].
J’ai
lu dans les journaux que la décision d’aller en guerre a été prise sans
prendre en considération l’échelon de la sécurité. Nous approchons de
l’abîme. Ce sera une guerre folle. Je ne peux pas prédire l’avenir et je
ne sais pas si Netanyahu prévoit attaquer ou non, mais s’il dit qu’il
va à la guerre, je le crois. C’est pourquoi je suis ici, parce que je
m’inquiète [25]. (t.d.a.).
Dans un article publié dans Haaretz,
le journaliste israélien Amir Oren fait appel à des manifestations
anti-guerre plus organisées et plus déterminées par leur objectif :
…
the opponents of war must organize a protest that is loud and clear,
sober and not defeatist, whose reasons are rooted in concern over damage
to Israel’s security. This protest should be led by moderate and
centrist forces such as the Council for Peace and Security [26].
…
les opposants à la guerre doivent organiser une manifestation qui
serait forte, claire, sobre et non défaitiste, et elle devait être
motivée par de soucis concernant les dégâts [qu’une telle guerre
pourrait créer] à la sécurité d’Israël. Une telle manifestation devrait
être dirigée par des mouvements modérés et centristes, tels que le
Conseil pour la paix et la sécurité. (t.d.a.).
Le
16 août, environ 400 Israéliens ont signé une pétition sollicitant le
ministère de la Défense de ne pas obéir aux ordres hypothétiques
concernant le bombardement de l’Iran [27]. Selon Chaim Gans, un
professeur de droit à l’Université de Tel-Aviv, une guerre contre l’Iran
serait illégale et les conséquences d’une telle action seraient
totalement dévastatrices [28].
Le 23
août, Trois cent militants ont manifesté et élevé leur voix contre une
guerre face à l’Iran. Ils ont manifesté devant le ministère de la
Défense et le siège militaire situés à Tel-Aviv. Ils ont invité tous
ceux qu’ils pouvaient, mêmes les membres du Knesset (le parlement
israélien), et ont distribué des dossiers de presse à tous les organes
de presse qu’ils connaissaient [29]. Le même jour, des centaines de
militants du Bloc de la paix (Gush Shalom), une organisation pacifiste
israélienne, ont manifesté devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv,
devant merkaz hakarmel à Haïfa et devant la résidence du premier ministre à Jérusalem [30]. Le Bloc a déclaré aussi que :
Netanyahu
and Barak are leading the people of Israel and the peoples of the
entire region to a war whose hazards and severity might prove utterly
unprecedented.
Netanyahu and Barak
break all records of political and military adventurism, placing Israeli
citizens, Jews and Arabs alike, at risk of destruction [31].
Netanyahu
et Barak entrainent le peuple d’Israël et les peuples de toute la
région en une guerre dont les risques et l’atrocité pourraient se
révéler tout à fait sans précédent. À plus forte raison, ils ont battu
tous les records avec leur aventurisme politique et militaire, et cela
en risquant la destruction des citoyens israéliens, Juifs et Arabes (t.d.a).
Tous
ces cris anti-guerres dans les rues de Jérusalem, de Tel-Aviv et de
Haïfa, toutes ces voix israéliennes refusant la guerre contre l’Iran et
opposant à la folie du premier ministre israélien Netanyahu et de son
ministre de la Défense Barak, toutes ces manifestations, peu importe le
nombre des participants, contrecarrent les allégations d’Ottawa contre
Téhéran.
Non à la guerre contre l’Iran !
Nous
le répétons : après les mesures d’Ottawa contre Téhéran qui étaient
tout à fait incompréhensibles, après les concentrations de navires de
guerre atlantiques dans le golfe Persique, après le déploiement de
systèmes anti-missiles autour de l’Iran qui se confirment tous les jours
par des reportages de première classe, après que l’Union européenne et
les États-Unis, si hostiles envers l’Iran, aient imposé de nouvelles
sanctions économiques pour affamer le peuple iranien, nous ne pouvons
plus douter que l’impérialisme ne prépare une grande offensive contre
l’Iran.
Peuples de tous les pays,
activistes et militants pour la paix, surtout aux États-Unis, en Europe
de l’Ouest, en Israël, en Turquie, élever la voix, opposer-vous aux fous
qui nous entraînent vers une nouvelle Shoah, cette fois-ci contre toute
l’humanité, car une guerre contre l’Iran déclenchera certainement une
troisième guerre mondiale ; élever la voix encore une fois en criant
: Non à la guerre contre l’Iran !
[2] L’Express. (7 septembre 2012). « Le Canada rompt ses relations avec l’Iran ». Récupéré le 12 septembre 2012 de http://www.lexpress.to/archives/9433/
[3] Ménélas est un roi de Sparte. Mari d’Hélène et frère d’Agamemnon, il est l’un des héros achéens de la guerre de Troie.
[4]
Agamemnon est le roi d’Argos et de Mycènes, fils d’Atrée. Chef des
Grecs pendant la guerre de Troie, retenu avec sa flotte par des vents
contraires, il dut sacrifier sa fille Iphigénie à Artémis. Après la
victoire, il rentra à Mycènes avec la princesse troyenne Cassandre.
[5]
Arès est le dieu de la guerre et de la destruction dans la mythologie
grecque. Fils de Zeus et de Héra, il est assimilé à Mars chez les
Romains.
[6] Cronide est le nom donné à tous les descendants du dieu Cronos, tel que Zeus, Hadès et Poséidon.
[7] Homère, L’Iliade, chant II.
[8]
Allusion au film « Game Change » qui traite la campagne Républicaine
menée par John McCain et Sarah Palin. Le film parle avant tout d’un
comportement trop personnel du Gouverneur Sarah Palin durant les
semaines précédant l’élection.
[16]
Chez les Grecs archaïques, Péan ou Péon est d’abord un dieu guérisseur.
Dès Homère, le péan est également un chant solennel et collectif à
Apollon, en imploration ou en action de grâce. Par la suite, le péan
peut être chanté en l’honneur d’autres dieux, comme Arès, dieu de la
guerre. Il est traditionnellement chanté avant une bataille, au départ
d’une flotte, après une victoire.
[17] L’Express. « Le Canada rompt ses relations avec l’Iran ». loc. cit.
[18] Grevisse, Maurice ; André Goosse. (1995). Nouvelle grammaire française. De Boeck et Duculot : Paris, 1995.
[21]
Dans la mythologie grecque, Ajax, fils de Télamon (roi de Salamine) et
de Péribée, est un héros de la guerre de Troie. Il ne doit pas être
confondu avec son homonyme Ajax fils d’Oïlée. On le surnomme « Ajax le
grand » à cause de sa haute stature, mais aussi pour le distinguer de
son homonyme, dit « Ajax le petit ». Priam, l’apercevant du haut des
remparts de Troie, le décrit ainsi comme un « guerrier achéen, noble et grand, qui dépasse les Argiens de la tête et de ses nobles épaules » (Iliade, III, 226-227).
[22] Gentils, du latin Gentiles ou les « nations », est la traduction habituelle de l’hébreu Goyim,
« nations », qui finit par désigner les non-Juifs. Les auteurs
chrétiens ont aussi employé ce mot pour désigner les païens. Nous
l’utilisons ici dans sa dénotation latine, les « nations ».
[23] Dans le Livre de Daniel,
l’Ange du Seigneur prit Habacuc par le haut de la tête, le porta par
les cheveux, et il le déposa à Babylone, au-dessus de la fosse aux lions
dans laquelle le roi perse Darius emprisonnait Daniel. Et Daniel dit:
« Vous Vous êtes souvenu de moi, ô Dieu, et Vous n’avez pas abandonné
ceux qui Vous aiment », Daniel (14 :37).
Docteur en Études françaises (The University of Western Ontario, 2010), Fida Dakroub est écrivain et chercheur en théorie bakhtinienne. Elle est aussi militante pour la paix et les droits civiques.
Lobby: Canada Postal Union is antisemitic!
Stephen Harper’s government has asked country’s Postal Workers Union (CUPW) to apologize for insulting Canada’s closest ally and the only democracy in the Middle East, Israel.
Canada world leader in promoting Holocaust remembrance
B’nai Brith issued a statement welcoming the official handover ceremony today in Berlin, whereby Canada has assumed the chairmanship of the International Holocaust...
With all of the recent chatter about the murder of JFK, I am tempted
to delve into the subject. In my view, one cannot credibly comment on
the matter without reading Michael Collins Piper’s book “Final
Judgment”. Piper’s book unravels an encyclopedic array of evidence
showcasing Israel’s bloody fingerprints all over the JFK assassination.
Israel’s motive for murder, Piper determined, was the president’s
staunch opposition to the nuclear arms ambitions of the Zionist state.
Kevin Barrett recently noted in a column for Press TV: “Ben
Gurion haughtily refused to answer JFK’s letter demanding that Israel
abandon its nuclear aspirations. Instead, he resigned. Six months later,
JFK was publicly executed. A few years after that, Ben Gurion got his
nuclear weapons… and his longed-for war of aggression to steal
Jerusalem.”