Sous Donald Trump, alors que les évangéliques américains n'ont jamais été aussi influents dans les décisions de leur Président concernant la politique étrangère (et cela depuis Reagan), il apparaît de plus en plus difficile de trancher entre les deux propositions suivantes, qui font penser à l'énigme de la poule et l'oeuf (c-à-d lequel vient en premier?):
Quoi qu'il en soit réellement, le fait est que l'alliance entre le pouvoir israélien (et ses nombreux lobbies) et les évangéliques américains pro-israéliens (alliance fondée sous la présidence Reagan par le Likoud dans le cadre de la guerre froide contre l'empire du mal soviétique), n'a jamais été si forte et influente.
Photo: Gali Tibbon Agence France-Presse
Deux leaders des communautés évangéliques et supporteurs
actifs du président Trump durant la dernière élection, Robert Jeffres et
John Hagee (notre photo), ont été invités par l’ambassadeur des
États-Unis en Israël, David Friedman, à prononcer les discours
d’ouverture et de fermeture lors de la cérémonie d’inauguration de la
nouvelle ambassade américaine à Jérusalem.
Le plus grand allié du gouvernement Nétanyahou aux États-Unis n’est
pas la communauté juive, comme beaucoup le pensent, mais la communauté
chrétienne évangélique. De fait, il commence à y avoir des fissures dans
le soutien des juifs américains au gouvernement de droite israélien,
même si la communauté juive américaine demeure totalement solidaire de
l’État d’Israël.
Deux leaders des communautés évangéliques et supporteurs actifs du
président Trump durant la dernière élection, Robert Jeffres et John
Hagee, ont été invités par l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David
Friedman, à prononcer les discours d’ouverture et de fermeture lors de
la cérémonie d’inauguration de la nouvelle ambassade américaine à
Jérusalem.
L’ambassadeur Friedman a déclaré dans une entrevue au New York Times
que les « évangélistes chrétiens sont des supporteurs d’Israël plus
passionnés que beaucoup de juifs ». Dans la même entrevue, faisant écho
aux commentaires de l’ambassadeur américain, l’ambassadeur d’Israël aux
États-Unis, Ron Dermer, a déclaré, contrairement à la doxa, que « les
chrétiens pieux formaient la colonne vertébrale du soutien américain à
Israël », ajoutant qu’« ils pourraient former un solide quart de la
population et représenter peut-être 10, 15, 20 fois la population juive
américaine ».
L’ambassadeur a insisté sur le fait que le gouvernement israélien
était « déterminé à maintenir un soutien large et bipartisan, y compris
le soutien des juifs américains ». Il a admis cependant qu’« il y a un
déplacement du soutien américain à Israël », sous-entendant qu’il était
passé des juifs et des démocrates vers les évangélistes et les
républicains.
Rappelons que la communauté juive américaine représente la plus
importante diaspora juive, soit 6 millions sur les 14 millions dans le
monde.
Le premier ministre Benjamin Nétanyahou a remercié le petit cercle de
pasteurs et de militants évangélistes, proches du président Trump et
présents à l’inauguration, d’avoir exercé des pressions sur le président
américain afin d’ouvrir l’ambassade américaine à Jérusalem, rompant
ainsi avec plusieurs décennies de politique américaine qui énonçait que
le statut final de Jérusalem devrait être décidé dans des négociations
de paix. Notons qu’aucun membre démocrate du Congrès américain n’était
présent à l’inauguration, même si plusieurs d’entre eux avaient été
invités.
Le gouvernement Nétanyahou poursuit une politique d’alliance avec les
leaders de la communauté évangélique américaine qu’il considère comme
« les meilleurs amis d’Israël dans le monde » en espérant que cette
dernière appuiera les politiques israéliennes auprès de la
Maison-Blanche et du Congrès, comme elle l’a fait dans le cas de la
reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis comme capitale d’Israël.
Sans la pression des évangélistes, Trump n’aurait pas déplacé
l’ambassade à Jérusalem.
Le profil haut donné à ces pasteurs par l’ambassadeur Friedman lors
de l’inauguration de l’ambassade a créé un malaise au sein de la
communauté juive américaine progressiste en raison de l’intolérance
religieuse de ces pasteurs.
Nétanyahou a compris que la communauté juive américaine, et son
leadership, n’est pas monolithique relativement à la question d’Israël
et que son soutien à Israël, qui était tenu pour acquis, surtout depuis
la guerre des Six Jours en 1967, n’est plus automatique si ses
politiques vont à l’encontre des valeurs progressistes de la grande
majorité de la communauté juive. Ainsi, seule une petite minorité de
juifs américains (16 %) soutient le déménagement de l’ambassade
américaine à Jérusalem, car ils préfèrent que cela se fasse dans le
cadre de négociations de paix.
Depuis une dizaine d’années, les organisations juives progressistes
telles que JStreet, soutenant la vision de deux États et opposées à
l’occupation des territoires palestiniens, exercent une influence
grandissante et certaine sur les membres du Congrès américain, surtout
démocrates. Ces derniers s’éloignent progressivement des positions du
gouvernement Nétanyahou notamment sur Jérusalem comme capitale unifiée
d’Israël sans accord avec les Palestiniens, l’appui au retrait américain
de l’accord nucléaire avec l’Iran et le rejet de la vision des deux
États.
À cela s’ajoute la surprenante position de l’American Israel Public
Affairs Committee (AIPAC), le lobby juif pro-israélien le plus important
à Washington, qui vient de réitérer son soutien à la vision de deux
États au grand dam de la droite israélienne. Le comité a aussi vertement
critiqué Netanyahou pour sa politique discriminatoire envers les juifs
non orthodoxes, majoritaires au sein de la diaspora juive et en Israël,
touchant la conversion religieuse et la liberté de prière au mur des
Lamentations.
Nétanyahou n’a pas trop besoin de la diaspora juive américaine pour
influencer le gouvernement américain, étant donné le peu d’affinités et
d’influence de cette diaspora pro-démocrate sur le président Trump. En
effet, seulement 18 % des Juifs américains ont voté Trump aux dernières
élections.
Cette diaspora se reconnaît de moins en moins dans les valeurs
d’extrême droite du gouvernement Nétanyahou. Si aux prochaines élections
de septembre, les démocrates gagnent la majorité au Congrès, une
hypothèse crédible, Nétanyahou pourrait en payer le prix.
David Cohen
David Cohen est un haut-fonctionnaire à la retraite
https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/528839/les-evangelistes-americains-allies-a-l-extreme-droite-israelienne
Obama a laissé les banquiers s’en tirer avec la crise de 2008, mais son
règne a quand même laissé naître un mouvement de réveil populiste
anti-élite, anti-colonialiste, socialiste (ex :« Occupy »), antisioniste
plus ou moins antijuif, anti-impérialiste voire anti-américain,
antinéocon et anti-guerre sans fin. Mouvement qui inquiète grandement
les élites antisociales (antisocialistes) et antipopulistes. Pour
neutraliser cette menace, les élites ont travaillé à changer ce
mouvement en un mouvement anti-social et réactionnaire. C’est ce qu’ils
ont fait en créant le trumpisme (MAGA) et plus tard la folie pure des
mouvements pizzagate et QAnon. Comme Trump, QAnon s’en prend surtout à
la gauche et l’extrême-gauche, l’associant à un chimérique « complot
pédosataniste-cannibale ». Fantasme délirant qui ressemble étrangement à
une image tordue et déformée de la domination – très réelle – des
élites antisociales et antipopulistes qui dévorent les peuples. Le
conspirationnisme trumpien est au fond identique à celui auquel croient
les élites antipopulistes et antisociales. Non seulement Trump cultive
le conspirationnisme et dévoile certaines vérités cachées, comme les
prophéties apocalyptiques chrétiennes annoncent la révélation
(signification exacte du mot apocalupsis), mais en tant que criminel
notoirement lié à l’État profond et ses réseaux, Trump est en lui-même
une révélation du mécanisme réel qui écrase les peuples.
Le
conspirationnisme sous contrôle du trumpisme est maintenant comme une
troupe de choc, une troupe de militants, au service de la fausse
révélation du nouvel ordre mondial. Des éléments inférieurs –
mondialisme sans frontière ou « nouvel ordre mondial » – sont livrés par
les vrais conspirateurs à la vindicte populaire du trumpisme, qui croit
avoir enfin accès grâce è Trump à la vérité cachée depuis toujours. Le
but de ces fausses révélations limitées (limited hangout) est de
provoquer, agiter et renforcer le versant spécifiquement nationaliste et
réactionnaire du mouvement conspirationniste. Bien pire qu’une simple
opposition contrôlée, ce mouvement consacre et achève la longue
préparation de l’incarnation de l’antichrist. Le conspirationnisme
zozotérique deviendra une religion mondiale, le ferment d’une ferveur
messianique apocalyptique, qui fera passer l’antichrist pour le Messie
et sauveur, ayant démasqué et vaincu la (fausse) menace du « nouvel
ordre mondial ».
1er temps : Le conspirationnisme saboté entièrement retourné comme troupe d’élite au service des élites antichristiques.
2e temps : La victoire apocalyptique du conspirationnisme fonde la religion messianique de l’antéchrist.